• Poème extrait du roman "Le coeur des flammes" de Nicholas EVANS

    Si je suis le premier à mourir,
    Que le chagrin n'obscursisse pas ton ciel.
    Sois fière mais modérée dans ton deuil.
    C'est un changement et non une absence.
    Comme la mort fait partie de la vie,
    Le mort vit éternellement dans le vivant.
    Et toutes les richesses de notre voyage,
    Les moments partagés, les mystères explorés,
    Les instants de bonheur emmagasinés,
    Tout ce qui nous a fait rire, pleurer ou chanter,
     La neige illuminée par le soleil ou les premiers bourgeons de printemps,
    Le langage muet des regards et des caresses,
     Le savoir,
     Ce qu'on donne et ce qu'on reçoit,
    Ne sont pas des fleurs qui se fanent,
     Ni des arbres qui s'abattent et pourrissent,
     Ni des pierres,
     Même si les pierres ne peuvent résister au vent et à la pluie
    Qui avec le temps réduisent en sable les pics puissants des montagnes.
    Ce que nous étions, nous le sommes.
    Ce que nous avions, nous l'avons.
    Un passé conjoint devenu présent impérissable.
    Aussi quand tu te promèneras dans les forêts où nous nous promenions,
     Et que tu chercheras en vain mon ombre sur la berge tachetée,
     Ou que tu t'arrêteras sur la colline comme nous le faisons pour regarder le paysage,
    Et que tu repéreras quelque chose, cherche ma main,
    Et ne la trouvant pas, laisse le chagrin s'insinuer en toi,
    Ne bouge pas.
    Ferme les yeux.
     Respire.
     Écoute mes pas dans ton coeur.
    Je ne suis pas parti, je me promène en toi.
     

    Poème sur le deuil

     


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  • Un bloc de marbre était si beau
    Qu'un Statuaire en fit l'emplette.
    Qu'en fera, dit-il, mon ciseau ?
    Sera-t-il Dieu, table ou cuvette ?

    Il sera Dieu : même je veux
    Qu'il ait en sa main un tonnerre.
    Tremblez, humains. Faites des vœux ;
    Voilà le maître de la terre.

    L'artisan exprima si bien
    Le caractère de l'Idole,
    Qu'on trouva qu'il ne manquait rien
    A Jupiter que la parole.

    Même l'on dit que l'Ouvrier
    Eut à peine achevé l'image,
    Qu'on le vit frémir le premier,
    Et redouter son propre ouvrage.

    A la faiblesse du Sculpteur
    Le Poète autrefois n'en dut guère,
    Des Dieux dont il fut l'inventeur
    Craignant la haine et la colère.

    Il était enfant en ceci :
    Les enfants n'ont l'âme occupée
    Que du continuel souci
    Qu'on ne fâche point leur poupée.

    Le cœur suit aisément l'esprit :
    De cette source est descendue
    L'erreur païenne, qui se vit
    Chez tant de peuples répandue.

    Ils embrassaient violemment
    Les intérêts de leur chimère.
    Pygmalion devint amant
    De la Vénus dont il fut père.

    Chacun tourne en réalités,
    Autant qu'il peut, ses propres songes :
    L'homme est de glace aux vérités ;
    Il est de feu pour les mensonges.

    Livre IX fable VI

    La FONTAINE

    Le statuaire et la statue de Jupiter La FONTAINE

     


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  • Ce mot est souvent mal orthographié - bas-flanc, bât-flanc, bas-flan - parce que son étymologie est méconnue.

    Bat-flanc vient du verbe battre et de flanc. C'est un mot invariable : bat est une forme verbale de battre d'une part, et d'autre part, flanc reste aussi au singulier pour la raison suivante... Un bat-flanc, c'est surtout la cloison, en bois généralement qui, dans une écurie, sépare deux chevaux ou qui, dans une étable, sépare deux vaches. L'espace occupé par chacun de ces animaux, est tel que, ses deux flancs ne peuvent se frotter en même temps contre les cloisons ; un seul flanc à la fois heurte une des cloisons.

    Par ailleurs, bat-flanc est le nom des cloisons séparant deux lits dans un dortoir, ainsi que le nom d'une plate-forme en bois, légèrement en plan incliné parfois, qui sert de lit dans les postes de garde des casernes, dans les prisons...

    JE N'APERCOIS QU'UN "P" A APERCEVOIR

    & 299 AUTRES TRUCS POUR NE PLUS FAIRE DE FAUTES

    Jean-Pierre COLIGNON

    Bat-flanc

     


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  • Jadis certain Mogol vit en songe un vizir
    Aux Champs Elysiens possesseur d’un plaisir
    Aussi pur qu’infini, tant en prix qu’en durée
    Le même songeur vit en une autre contrée
    Un ermite entouré de feux,
    Qui touchait de pitié même les malheureux.
    Le cas parut étrange, et contre l’ordinaire
    Minos en ces deux morts semblait s’être mépris.
    Le dormeur s’éveilla tant il en fut surpris.
    Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère,
    Il se fit expliquer l’affaire.
    L’interprète lui dit « Ne vous étonnez point ;
    Votre songe a du sens ; et, si j’ai sur ce point
    Acquis tant soit peu d’habitude,
    C’est un avis des dieux. Pendant l’humain séjour,
    Ce vizir quelquefois cherchait la solitude ;
    Cet ermite aux vizirs allait faire sa cour.

    Si j’osais ajouter au mot de l’interprète,
    J’inspirerais ici l’amour de la retraite
    Elle offre à ses amants des biens sans embarras,
    Biens purs, présents du ciel, qui naissent sous les pas.
    Solitude où je trouve une douceur secrète,
    Lieux que j’aimai toujours ne pourrai-je jamais,
    Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ?
    Oh! qui m’arrêtera sous vos sombres asiles ?
    Quand pourront les neuf sœurs, loin des cours et des villes,
    M’occuper tout entier, et m’apprendre des cieux
    Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
    Les noms et les vertus de ces clartés errantes
    Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes !
    Que si je ne suis né pour de si grands projets,
    Du moins que les ruisseaux m’offrent de doux objets !
    Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
    La Parque à filets d’or n’ourdira point ma vie,
    Je ne dormirai point sous de riches lambris
    Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
    En est-il moins profond, et moins plein de délices ?
    Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices.
    Quand le moment viendra d’aller trouver les morts,
    J’aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords.

    La FONTAINE

    Livre XI Fable III

    Le songe d'un habitant du Mongol La Fontaine

     

     


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  • Etre habile, savoir faire, avoir belle allure

    Provence-Alpes-Côte d'Azur

    Le biais, en provençal comme en occitan, décrit une habileté manuelle, intellectuelle ou physique, une facilité dans tous les domaines ; c'est le nec plus ultra des qualités.

    Le français adopte le biais, qui, étrangement, prend alors un sens péjoratif, représentant une chose oblique ou de travers - un défaut et non une qualité. Sens que l'on rretouve en particulier dans les formules usuelles comme prendre quelqu'un de biais, qui veut dire prendre une personne en traitre, de façon détournée, ou encore avoir la tronche en biais : avoir un visage asymétrique, en deux mots, être moche ! Le verbe biaiser se rapproche lui des notions de feinter et de louvoyer.

    En Provence, la signification du mot n'a jamais évolué. Si une jolie femme qui a le biais fait tourner toutes les têtes, c'est parce qu'elle a du sex-appeal. En cuisine, avoir le biais est le privilège des grands chefs. On peut également avoir le biais pour parler aux gens, ou encore avoir un biais généreux, un biais facile, soit être avenant, plaisant.

    Les plus belles expressions de nos régions

    Pascale LAFITTE-CERTA

     

    Avoir le biais


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