• âne

     

    "Ce proverbe qui donne la parole à l'âne mis au pâturage est d'une grande sagesse. Il manifeste que l'on n'est jamais satisfait du pré dans lequel on a été envoyé paître. L'herbe du pré d'à-côté paraît toujours plus verte, plus appétissante, plus fraîche. Sans doute parce-que l'on ne la connaît pas. Sans soute aussi parce-que l'on focalise sur les inconvénients que l'on a dans son propre pré et que l'on ne voit que les avantages de l'autre. Or, si c’est peut-être vrai, l’âne a pu oublier qu’un pré ce n’est pas que de l’herbe, c’est aussi l’abreuvoir avec sa quantité d’eau et la fréquence de son renouvellement, c’est aussi l’arbre sous lequel il pourra se mettre lorsque les rayons du soleil se feront ardents en plein été, ce sont les autres qui ont été mis dans le même pré que lui…

    Ainsi en est-il dans la vie quotidienne, On n’est jamais satisfait de
    la totalité des paramètres qui constituent notre vie. Au
    travail, on peut se plaindre de son salaire, de l’ambiance, d’un ou de
    plusieurs collègues, de la distance pour s’y rendre, des conditions
    de retraite, … Dans un couple, on trouve toujours chez un autre ce que l’on ne trouve pas chez son conjoint : une forme d’intelligence, un style d’humour, une disponibilité, des valeurs, une santé, une belle-famille …
    La maturité consiste à avoir compris que si l’on passait dans le pré d’à-côté, on perdrait des choses au profit d’autres. Ayant compris cela, on peut faire le deuil de ne pas avoir tous les avantages… et de ne pas apporter non plus que des avantages (chacun de nous a aussi des limites, personne n’est louis d’or pour tout le monde). Bien souvent, ceux qui ont beaucoup « bougé » s’aperçoivent « qu’au début, ce n’était pas si mal ».
    Sage est celui qui trouve son bonheur dans ce qu’il a".

     

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  • Les proverbes sont nombreux qui soulignent l'importance de l'expérience. On connaît, en particulier la formule d'Amadou Hampaté Bâ selon laquelle un vieillard qui meurt équivaut à une bibliothèque qui brûle. Dans une société de tradition orale, qui ne garde donc pas de traces écrites, quand un vieillard meurt, pour peu qu'il ne soit pas gâteux, c'est un trésor d'expérience dont la communauté ne peut plus disposer. Pourtant, en dépit de cette insistance de la sagesse populaire sur les bienfaits de l'expérience, il faut bien reconnaître que les épreuves de la vie nous en apprennent plus que les conseils ou même les exemples. C'est sans doute ce que veut signifier cette formule au premier regard trop pessimiste. Mais les proverbes le sont souvent.

     

    Bon week-end à tous !


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  • La Bruyère dit souvent l'essentiel en quelques mots. Ainsi, dans les Caractères : "On veut faire tout le bonheur, ou, si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu'on aime". Notre proverbe allemand va dans le même sens.  La sagesse populaire exprime cette dualité en disant que la haine est de l'amour rentré. Freud s'est longtemps arrêté sur l'ambivalence  de nos sentiments qui repose sans soute sur la dualité entre l'instinct de vie (Eros) et l'instinct de mort (Thanatos). "Je l'ai tué(e) parce-que je l'aimais trop". dit la personne accusée d'un crime passionnel. Il n'en reste pas moins que le contraire de l'amour n'est pas la haine mais l'indifférence. Ce qui fait dire à Dominique Noguez dans son Dictionnaire de l'Amour : "L'amour, c'est quand on attend des heures entières un coup de téléphone qui ne vient pas".


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