Poème extrait du roman "Le coeur des flammes" de Nicholas EVANS
Si je suis le premier à mourir,
Que le chagrin n'obscursisse pas ton ciel.
Sois fière mais modérée dans ton deuil.
C'est un changement et non une absence.
Comme la mort fait partie de la vie,
Le mort vit éternellement dans le vivant.
Et toutes les richesses de notre voyage,
Les moments partagés, les mystères explorés,
Les instants de bonheur emmagasinés,
Tout ce qui nous a fait rire, pleurer ou chanter,
La neige illuminée par le soleil ou les premiers bourgeons de printemps,
Le langage muet des regards et des caresses,
Le savoir,
Ce qu'on donne et ce qu'on reçoit,
Ne sont pas des fleurs qui se fanent,
Ni des arbres qui s'abattent et pourrissent,
Ni des pierres,
Même si les pierres ne peuvent résister au vent et à la pluie
Qui avec le temps réduisent en sable les pics puissants des montagnes.
Ce que nous étions, nous le sommes.
Ce que nous avions, nous l'avons.
Un passé conjoint devenu présent impérissable.
Aussi quand tu te promèneras dans les forêts où nous nous promenions,
Et que tu chercheras en vain mon ombre sur la berge tachetée,
Ou que tu t'arrêteras sur la colline comme nous le faisons pour regarder le paysage,
Et que tu repéreras quelque chose, cherche ma main,
Et ne la trouvant pas, laisse le chagrin s'insinuer en toi,
Ne bouge pas.
Ferme les yeux.
Respire.
Écoute mes pas dans ton coeur.
Je ne suis pas parti, je me promène en toi.