• Le ciel est, par-dessus le toit,
    Si bleu, si calme !
    Un arbre, par-dessus le toit,
    Berce sa palme.

    La cloche, dans le ciel qu’on voit,
    Doucement tinte.
    Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
    Chante sa plainte.

    Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
    Simple et tranquille.
    Cette paisible rumeur-là
    Vient de la ville.

    – Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
    Pleurant sans cesse,
    Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
    De ta jeunesse ?

    Paul VERLAINE

    Sagesse(1881)

    Le ciel est par-dessus...

     


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  • Poème extrait du roman "Le coeur des flammes" de Nicholas EVANS

    Si je suis le premier à mourir,
    Que le chagrin n'obscursisse pas ton ciel.
    Sois fière mais modérée dans ton deuil.
    C'est un changement et non une absence.
    Comme la mort fait partie de la vie,
    Le mort vit éternellement dans le vivant.
    Et toutes les richesses de notre voyage,
    Les moments partagés, les mystères explorés,
    Les instants de bonheur emmagasinés,
    Tout ce qui nous a fait rire, pleurer ou chanter,
     La neige illuminée par le soleil ou les premiers bourgeons de printemps,
    Le langage muet des regards et des caresses,
     Le savoir,
     Ce qu'on donne et ce qu'on reçoit,
    Ne sont pas des fleurs qui se fanent,
     Ni des arbres qui s'abattent et pourrissent,
     Ni des pierres,
     Même si les pierres ne peuvent résister au vent et à la pluie
    Qui avec le temps réduisent en sable les pics puissants des montagnes.
    Ce que nous étions, nous le sommes.
    Ce que nous avions, nous l'avons.
    Un passé conjoint devenu présent impérissable.
    Aussi quand tu te promèneras dans les forêts où nous nous promenions,
     Et que tu chercheras en vain mon ombre sur la berge tachetée,
     Ou que tu t'arrêteras sur la colline comme nous le faisons pour regarder le paysage,
    Et que tu repéreras quelque chose, cherche ma main,
    Et ne la trouvant pas, laisse le chagrin s'insinuer en toi,
    Ne bouge pas.
    Ferme les yeux.
     Respire.
     Écoute mes pas dans ton coeur.
    Je ne suis pas parti, je me promène en toi.
     

    Poème sur le deuil

     


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  • Je ne vois point de créature
    Se comporter modérément.
    Il est certain tempérament
    Que le maître de la nature
    Veut que l'on garde en tout. Le fait-on ? Nullement.
    Soit en bien, soit en mal, cela n'arrive guère.
    Le blé, riche présent de la blonde Cérès
    Trop touffu bien souvent épuise les guérets ;
    En superfluités s'épandant d'ordinaire,
    Et poussant trop abondamment,
    Il ôte à son fruit l'aliment.
    L'arbre n'en fait pas moins ; tant le luxe sait plaire !
    Pour corriger le blé, Dieu permit aux moutons
    De retrancher l'excès des prodigues moissons.
    Tout au travers ils se jetèrent,
    Gâtèrent tout, et tout broutèrent,
    Tant que le Ciel permit aux Loups
    D'en croquer quelques-uns : ils les croquèrent tous ;
    S'ils ne le firent pas, du moins ils y tâchèrent.
    Puis le Ciel permit aux humains
    De punir ces derniers : les humains abusèrent
    A leur tour des ordres divins.
    De tous les animaux l'homme a le plus de pente
    A se porter dedans l'excès.
    Il faudrait faire le procès
    Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante
    Qui ne pèche en ceci. Rien de trop est un point
    Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.

    La FONTAINE

    Livre IX Fable X

    Tien de trop La FONTAINE


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  • J'ai écrit ton nom dans le sable

    mais la vague l'a effacé,

    J'ai gravé ton nom sur un arbre

    mais l'écorce est tombée,

    J'ai incrusté ton nom dans le marbre

    mais la pierre a cassé,

    j'ai enfoui ton nom dans mon coeur et le temps l'a gardé.

     

    Auteur inconnu

     

    J'ai écrit ton nom dans le sable...


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  • Un mal qui répand la terreur,
    Mal que le Ciel en sa fureur
    Inventa pour punir les crimes de la terre,
    La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
    Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
    Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
    On n'en voyait point d'occupés
    A chercher le soutien d'une mourante vie ;
    Nul mets n'excitait leur envie ;
    Ni Loups ni Renards n'épiaient
    La douce et l'innocente proie.
    Les Tourterelles se fuyaient :
    Plus d'amour, partant plus de joie.
    Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
    Je crois que le Ciel a permis
    Pour nos péchés cette infortune ;
    Que le plus coupable de nous
    Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
    Peut-être il obtiendra la guérison commune.
    L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
    On fait de pareils dévouements :
    Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
    L'état de notre conscience.
    Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
    J'ai dévoré force moutons.
    Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
    Même il m'est arrivé quelquefois de manger
    Le Berger.
    Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
    Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
    Car on doit souhaiter selon toute justice
    Que le plus coupable périsse.
    - Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
    Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
    Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
    Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
    En les croquant beaucoup d'honneur.
    Et quant au Berger l'on peut dire
    Qu'il était digne de tous maux,
    Etant de ces gens-là qui sur les animaux
    Se font un chimérique empire.
    Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
    On n'osa trop approfondir
    Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
    Les moins pardonnables offenses.
    Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
    Au dire de chacun, étaient de petits saints.
    L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
    Qu'en un pré de Moines passant,
    La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
    Quelque diable aussi me poussant,
    Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
    Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
    A ces mots on cria haro sur le baudet.
    Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
    Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
    Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
    Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
    Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
    Rien que la mort n'était capable
    D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
    Selon que vous serez puissant ou misérable,
    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

    Jean de la Fontaine

    Livre VII Fable I

     

    Les animaux malades de la peste Jean de la Fontaine


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