"Radoter"

Auvergne

Il faut être auvergnat pour comprendre cette expression. En fait, en une centaine d'années, elle a considérablement évolué. Au XIXème siècle, le régionalisme baranha désignait une haie épaisse, serrée, épineuse telle une broussaille impénétrable. Toujours au XIXème siècle, métaphoriquement, baranha, ce buisson infranchissable, devient un synonyme de stérilité et d'impuissance. L'expression courir les baranhas revenait alors à faire des choses inutiles, des projets sans avenir, des actions qui resteraient sans résultat, des activités stériles.

Après une transformation phonétique inhérente à l'usage, le terme prend la forme de baragnes, et courir les baragnes s'apparente à vagabonder ou errer sans but. L'expression s'installe d'abord sous cette forme puis, au cours de XXème siècle, elle évolue. Le vagabondage devient une divagation, un délire intellectuel, une incohérence. Courir les baragnes n'est désormais employé qu'avec ce sens bien précis de déraison. "Il est en forme le père Léon, il a toutes ses jambes, mais côté tête tout de même, il commence à courir les baragnes !"

Les plus belles expressions de nos régions

Pascale LAFITTE-CERTA