La mort, rien à décrire. C'est le monde qui s'engloutit lui-même. La vie s'autodétruit, annihilant toute possibilité de description. C'est la fin des mots, la fin des idées, la fin du corps, c'est l'ultime fin, la fin des fins. Et pourtant j'ai vu, j'ai bien vu, la mort qui s'est installée dans le corps de mon père, et qui l'a embrassé, l'a dévoré, petit à petit, jusqu'à la victoire finale. On peut vivre sans voir ça, vit-on mieux sans l'avoir vu ? Maintenant que c'est arrivé, il faut savoir quoi en faire. Est ce que la sonder, c'est agrandir le trou de la plaie et empêcher la cicatrisation ? Ou au contraire la nettoyer et planter l'aiguille dans la peau autour et resserrer très fort les fils pour accélérer la suture ? Tenir bon jusqu'à ce que les fils s'en aillent. Ecrire la mort comme on désinfecte une blessure pour mieux se rétablir. Ca ne fera pas disparaître la blessure, mais ça l'empêchera de pourrir et de nous faire boiter à vie.