• La forêt et le bucheron La FONTAINE

    Un Bûcheron venait de rompre ou d’égarer
    Le bois dont il avait emmanché sa cognée.
    Cette perte ne put sitôt se réparer
    Que la Forêt n’en fût quelque temps épargnée.
    L’Homme enfin la prie humblement
    De lui laisser tout doucement
    Emporter une unique branche,
    Afin de faire un autre manche.
    Il irait employer ailleurs son gagne-pain ;
    Il laisserait debout maint chêne et maint sapin
    Dont chacun respectait la vieillesse et les charmes.
    L’innocente Forêt lui fournit d’autres armes.
    Elle en eut du regret. Il emmanche son fer.
    Le misérable ne s’en sert
    Qu’à dépouiller sa bienfaitrice
    De ses principaux ornements.
    Elle gémit à tous moments :
    Son propre don fait son supplice.Voilà le train du Monde et de ses Sectateurs* :
    On s’y sert du bienfait contre les bienfaiteurs.
    Je suis las d’en parler ; mais que de doux ombrages
    Soient exposés à ces outrages.
    Qui ne se plaindrait là-dessus ?
    Hélas ! J’ai beau crier et me rendre incommode :
    L’ingratitude et les abus
    N’en seront pas moins à la mode.

    *”Sectateur” : Adepte, partisan d’une secte.

    Livre XII Fable XVI

    La FONTAINE

    La forêt et le bucheron La FONTAINE

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 5 Janvier à 22:36

    LaFontaine était un visionnaire car depuis son époque les pauvres forêts n'ont cessé d'être abattues! 

    Bises Mamounette 

    2
    Samedi 6 Janvier à 09:42

    Belle Fable

    Pauvres forêts... Tous ces arbres abattus, cela me rend très triste...

    Bisous ma chère Mamounette

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