• Le Rieur et les Poissons Jean de la Fontaine

    On cherche les rieurs ; et moi je les évite.
    Cet art veut, sur tout autre, un suprême mérite :
    Dieu ne créa que pour les sots
    Les méchants diseurs de bons mots.
    J'en vais peut-être en une fable
    Introduire un ; peut-être aussi
    Que quelqu'un trouvera que j'aurai réussi.
    Un Rieur était à la table
    D'un financier, et n'avait en son coin
    Que de petits poissons : tous les gros étaient loin.
    Il prend donc les menus, puis leur parle à l'oreille,
    Et puis il feint, à la pareille,
    D'écouter leur réponse. On demeura surpris :
    Cela suspendit les esprits.
    Le Rieur alors, d'un ton sage,
    Dit qu'il craignait qu'un sien ami
    Pour les grandes Indes parti,
    N'eût depuis un an fait naufrage.
    Il s'en informait donc à ce menu fretin :
    Mais tous lui répondaient qu'ils n'étaient pas d'un âge
    À savoir au vrai son destin ;
    Les gros en sauraient davantage.
    « N'en puis-je donc, messieurs, un gros interroger ? »
    De dire si la compagnie
    Prit goût à sa plaisanterie,
    J'en doute ; mais enfin il les sut engager
    À lui servir d'un monstre assez vieux pour lui dire
    Tous les noms des chercheurs de mondes inconnus
    Qui n'en étaient pas revenus,
    Et que depuis cent ans sous l'abîme avaient vus
    Les Anciens du vaste Empire.

    Jean de la Fontaine

    Livre VIII Fable VIII

    Le Rieur et les Poissons Jean de la Fontaine


  • Commentaires

    1
    Samedi 29 Juin à 11:34

    Je ne la connaissais pas

    Bisous ma chère Mamounette et bon WE

    Des caresses à tes félinettes

    2
    Samedi 29 Juin à 21:47

    Je ne la connaissais pas non plus! Merci de me la faire découvrir. 

    Bises Mamounette et caresses aux félinettes 

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