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    Il n'est plus belle fleur qu'une rose d'automne,

    Quand elle sait déjà que ses jours sont comptés,

    Et que près de sa fin, généreuse, elle donne

    Encor plus de parfum qu'aux jours de l'été.

     

    Dans le brouillard léger d'une aube de novembre

    Alors que les oiseaux ne savent plus chanter,

    Elle va défroisser sa robe d'or et d'ambre

    Pour s'offrir aux regards dans toute sa beauté.

     

    Mais un souffle de vent la blesse, la défeuille.

    Sitôt qu'il a séché ses larmes de rosée,

    Elle cache ses joues dans son écrin de feuilles

    Pour vivre encor un peu, encor une journée

     

    Ô toi qui ne sais pas combien est éphémère

    La rose qui s'endort et va vers son trépas,

    Si tu passes près d'elle au jardin de ta mère,

    Je t'en supplie, enfant, non, ne la cueille pas.

     

    Laisse la retenir la vie qui l'abandonne,

    Suivre des vols d'oiseaux glissant dans le ciel clair.

    Il n'est plus belle fleur qu'une rose d'automne,

    Qui se meurt doucement aux premiers jours d'hiver.

     

    Renée Jeanne MIGNARD

     


    Merci beaucoup à Renée Jeanne Mignard de m'avoir autorisée à publier ce poème sur mon blog

     

    Allez découvrir son site  http://rj-mignard.fr/ elle fait des merveilles avec les mots...


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  • boisgirard 23102009-056

     

    Voici venu le froid radieux de septembre :
    Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
    Mais la maison a l'air sévère, ce matin.
    Et le laisse dehors qui sanglote au jardin,

    Comme toutes les voix de l'été se sont tues !
    Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues !
    Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
    Que la bise grelotte et que l'eau même a froid.

    Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
    Elles voudraient aller où les oiseaux s'envolent,
    Mais le vent les reprend et barre leur chemin :
    Elles iront mourir sur les étangs, demain.

    Le silence est léger et calme ; par minute,
    Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
    Et puis tout redevient encor silencieux,
    Et l'Amour, qui jouait sous la bonté des cieux,

    S'en revient pour chauffer, devant le feu qui flambe,
    Ses mains pleines de froid et frileuses jambes,
    Et le vieille maison qu'il va transfigurer,
    Tressaille et s'attendrit de le sentir entrer.

     

    Anna de NOAILLES

    1876 - 1933


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  • monet


    Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
    J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
    S'y jeter à mourir tous les désespérés
    Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

    À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
    Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
    L'été taille la nue au tablier des anges
    Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

    Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
    Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
    Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
    Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

    Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
    Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
    Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
    L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

    Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
    Par où se reproduit le miracle des Rois
    Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
    Le manteau de Marie accroché dans la crèche

    Une bouche suffit au mois de Mai des mots
    Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
    Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
    Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

    L'enfant accaparé par les belles images
    Écarquille les siens moins démesurément
    Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
    On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

    Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
    Des insectes défont leurs amours violentes
    Je suis pris au filet des étoiles filantes
    Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

    J'ai retiré ce radium de la pechblende
    Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
    Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
    Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

    Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
    Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
    Moi je voyais briller au-dessus de la mer
    Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

     

    Louis ARAGON

    1897 - 1982


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  • 12 foret couleurs automne

     

    Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
    Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
    Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
    Convient à la douleur et plaît à mes regards !

    Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
    J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
    Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
    Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

    Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
    A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
    C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
    Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

    Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
    Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
    Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
    Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

    Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
    Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
    L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !
    Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

    Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
    Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
    Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
    Peut-être restait-il une goutte de miel ?

    Peut-être l'avenir me gardait-il encore
    Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
    Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
    Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...

    La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
    A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
    Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
    S'exhale comme un son triste et mélodieux.

    Alphonse de Lamartine

    1790 - 1869


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  • chatendormi

     

    J'ai trouvé ce matin, blotti contre ma porte,

    ...Un chat abandonné au regard presque éteint.

    Sans un cri, une plainte, acceptant son destin,

    Il attendait, patient, qu'un grand sommeil l'emporte.


    Viens, je vais te donner pour longtemps du bonheur,

    Préservé des humains et de leurs nombreux crimes ;

    Bien au chaud dans mes bras, recouvre ta splendeur.


    Robert WULLENS


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